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vendredi 4 février 2011

Le chakra cinq

Le chakra 5, situé à la gorge, est relié à la glande thyroïde et sa couleur est le bleu. Ce chakra alimente tout le système respiratoire, soit les poumons, les bronches et les sinus. Dans son volet plus subtil, il régit la communication, l’expression de soi.


Il ne faut pas confondre l'expression de soi avec le nombre de mots à la minute qu’on peut prononcer. On peut penser d'une personne qu’elle maîtrise l’expression d'elle-même parce qu'elle est cultivée, qu'elle s’exprime avec éloquence sur tous les sujets et qu'elle parle facilement des autres. Pourtant, lorsqu’on la questionne sur un sujet plus personnel, on sent un mur s’ériger et un mutisme s’installer. Cette personne peut parler de n’importe quoi et de n’importe qui sauf d’elle.

L’expression de soi suppose la possession et l'utilisation d'un vocabulaire simple pour exprimer clairement son quotidien et ses sentiments intérieurs. Avant de communiquer quoi que ce soit à un ami, un confident ou un psy, il faut établir une communication intérieure. Il faut que dans ce discours intérieur, il y ait un vocabulaire précis qui s’articule correctement afin de se comprendre d'abord soi-même. Les mots doivent nous venir à l’esprit pour pouvoir élaborer les concepts qui nous conviennent. On peut ensuite prendre position dans notre environnement ou par rapport à notre monde intérieur.

La personne qui jouit d’une bonne expression de soi développe un monologue intérieur cohérent et ne ressent pas le besoin de conter sa vie à tout le monde. À l’opposé, lorsque l’expression de soi fait défaut, la personne se renferme sur elle-même et se force à l’isolement pour ne pas être confrontée par le monde extérieur. Il en résulte, la plupart du temps, de l’anxiété et même de l’angoisse.

Les principaux symptômes physiques de blocage au chakra 5 sont la fameuse boule, ou serrement douloureux, dans la gorge que tout le monde connaît, les picotements, les maux de gorge fréquents qui ne dégénèrent jamais en infection, la voix trop criarde, l'obligation de fournir de grands efforts pour émettre un son, le malaise mal défini ressenti devant l'urgence de décrire un événement et les mots qui ne viennent tout simplement pas.

Dans la vie moderne, les chakras 4 et 5 sont souvent poussés à la limite, ce qui oblige à travailler constamment la prise de position personnalisée et l’expression de soi.

Un blocage important au chakra 5 produit une augmentation constante de la charge émotionnelle soumettant ainsi tous les organes, situés à l’intérieur de la cage thoracique, à des pressions énormes. Rappelez-vous seulement lorsque vous êtes en colère et que vous retenez les mots qui vous viennent à l’esprit ou un geste violent envers la personne qui vous confronte. Prenez conscience de la pression qui vous habite alors. Même si vous maîtrisez vos paroles et vos gestes, la pression demeure parfois durant des jours et même plus.

Quand la tension s’estompe, on croit à tort que c’en est fini et que l’incident est clos. Même s'il est vrai qu’une partie de la pression s’est dissipée, il en reste toujours une partie qui augmente la charge émotionnelle. À preuve, observez les gens autour de vous ou faites une bonne introspection. Vous verrez que, pour beaucoup d’entre nous, la charge émotionnelle est beaucoup trop forte. Nous sommes rapidement au bord des larmes ou de la crise de nerfs, les contacts avec autrui sont compliqués, nous sommes hypersensibles et facilement blessants ou blessés. La société nous oblige à prendre position et à exprimer notre point de vue. Donc, nous sommes, à part entière, un élément actif contribuant à l’évolution de cette dite société.

Si on voulait mesurer, sur une échelle de 1 à 10, l'ouverture de notre chakra 5, il ne faudrait pas confondre un chakra bloqué à 3 avec un chakra ajusté à 3. Le but de la démarche n'est pas de forcer l'ouverture d’un chakra, car nous sommes tous ajustés de façon différente. C’est ce qui définit l'originalité de chacun d'entre nous et donne de la saveur à la société. Il est vrai qu’il y a sûrement un problème lorsque l’on ressent les malaises décrits plus haut, mais il y a des personnes fonctionnelles qui sont ajustées à 3 et c’est très bien ainsi. Ces personnes sont discrètes et même assez secrètes, mais lorsque la situation commande une intervention, ces gens savent exprimer clairement, et avec une certaine aisance, leur point de vue ou leurs exigences. Par exemple, elles peuvent demander et justifier une augmentation de salaire à leur patron, défendre des valeurs ou des principes, ce qu’une personne bloquée à 3 ne peut accomplir.

Ce qui est primordial, c’est que le chakra soit fonctionnel. Selon moi, toute personne qui harmonise et nettoie le chakra 5 pour le rendre plus fonctionnel, ce qui est accessible à tous, s’exprimera avec clarté en utilisant plus de mots pour décrire ce qu’elle pense et ce qu’elle ressent.

Voici un exemple de situations qui provoquent beaucoup de tension dans le corps physique. Gertrude rentre à la maison après une bonne journée de travail, une journée agréable, productive et remplie de bonne humeur. Elle se lance dans la préparation d'un bon petit souper en attendant le retour de Gérard, son bien-aimé, quand, ô surprise! Gérard rentre à la maison en petits morceaux. Sa journée a été un vrai calvaire, parsemée d'engueulades avec un confrère, d'heures de stress intense à régler un litige avec un client et, comble de malheur, de réprimandes et critiques du patron juste avant de quitter le bureau.

Ses premiers commentaires sont désagréables et même choquants. La soirée s’annonce difficile. Une remarque blessante échappe à Gérard et provoque chez Gertrude une montée d’adrénaline. Elle sent ses tripes se tordre et une boule se former juste à la pointe de son sternum. Gertrude est mal à l’aise et inconfortable, mais elle reste paralysée, sans mots, parce qu'elle ne sait pas encore comment prendre position. Elle l'ignore, mais c'est le chakra du cœur qui bloque l’émotion qui voudrait pourtant monter plus haut. Gertrude se demande : "Est-ce que je compatis avec lui, pauvre petit Gérard il a passé une mauvaise journée, ou si, à une autre remarque comme celle-là, je lui fais sa fête, je le passe au travers du mur ?"

Le dilemme persiste dans la tête de Gertrude. Quelques instants plus tard, Gérard récidive et la pression augmente encore d'un cran. Gertrude sent son cœur battre plus fort, son pouls cogner dans ses tempes, ses pommettes devenir un peu plus rouges et ses mâchoires se serrer un peu plus fort… mais le dilemme est encore présent. "Qu'est-ce que je fais ? se demande-t-elle, encore une autre attaque et la pression va devenir intolérable !"

Soudain, le chakra du cœur s'ouvre et Gertrude prend position. C’est souvent à ce moment-là que le son des chaudrons sur la cuisinière change de registre. Elle décide de planter Gérard comme il faut. Elle ouvre la bouche, mais la boule au sternum, rendue maintenant énorme, se déplace jusqu'à la gorge et s’y installe fermement. C'est le chakra 5 qui refuse de s'ouvrir. Alors les mâchoires de Gertrude se resserrent et deux petites larmes coulent sur chacune de ses joues.

Mais l’innocent Gérard, ne sentant pas venir le danger, récidive. Ô erreur ! La pression ouvre d’un seul coup le chakra récalcitrant et l’expression de Gertrude se met en branle. Elle crie, pleure, dit à Gérard ses quatre vérités, emploie des mots qui dépassent sa pensée et utilise un vocabulaire absolument irrecevable pour le pauvre Gérard qui comprend mal l’intensité de la réaction.

Gertrude se dit qu'un coup partie, après tout, ça ne sert pas souvent ce chakra-là, aussi bien reculer dix ou douze ans en arrière et "tiens mon smatte, on va en régler des problèmes ce soir !"

Il est vrai qu’après une bonne crise, la pression diminue. Mais il reste toujours plus de blessures à panser qu’avant l’altercation. Ce n’est pas comme cela que l’on règle les choses dans notre vie et on ne fait qu’empirer la situation. Des chakras 4 et 5 fonctionnels auraient permis à Gertrude d’intervenir avant d’exploser, de s’exprimer avec autorité en imposant le respect et puis de désamorcer la situation pour le bien de tous les deux. De la même manière que nous retenons nos colères, nous retenons gestes et paroles d’amour parce qu’ils provoquent les mêmes malaises et inconforts.

Je me souviens d’un homme de la région de Thetford Mines, dans la fin de la trentaine, avec qui j’ai travaillé en atelier. Il se présentait au cours à la dernière minute et j’avais l’impression qu’il passait entre la peinture et le mur pour se rendre à sa place. Il ne posait jamais de questions et ne me regardait jamais dans les yeux. Je respectais cela. J'étais conscient du fait que, si je lui posais personnellement une question ou si je le regardais directement dans les yeux, il décrocherait probablement. Je constatais à chaque semaine qu’il faisait bien ses exercices mais je voyais aussi, dans son aura, des réactions violentes qui devaient assurément le rendre très inconfortable. Mais, dans ce cas précis, je ne pouvais aller plus loin. Je devais attendre qu’il vienne à moi. Je faisais part à mes assistants de mon inquiétude à son égard car je pensais bien qu’il abandonnerait d’une semaine à l’autre.

À la cinquième semaine, il se présente trente minutes avant le début de l’atelier. Les élèves savent que je suis là environ une heure avant chaque atelier pour répondre à des questions plus privées. Il me dit alors qu’il ne pourra poursuivre les ateliers et il me remercie pour ce que je lui ai déjà enseigné. Je le remercie de m’en avertir et l’invite à revenir quand il le voudra. Je lui assure qu’il peut me téléphoner n’importe quand s'il a des questions ou des problèmes avec les exercices qu’il a déjà appris. Au moment où il va quitter, quelque chose me tracasse et je l’arrête. Je lui demande pourquoi il quitte. "Est-ce pour une question d’argent ? On pourrait sûrement s’arranger. Je n’ai jamais accepté que des personnes ne puissent plus suivre mes ateliers pour une question d’argent. J'ai même été parfois jusqu'à faire cadeau de la formation." "Non non, me répond-il, ce n’est pas une question d’argent. C’est juste que ça me brasse beaucoup trop ces cours-là." Je lui demande de s’expliquer, s’il le veut bien. Il me raconte alors : "Moi, je travaille dans une usine. Mon poste est au fond de l’atelier et je travaille seul dans mon coin sans me mêler aux autres. Je prends mes pauses et dîne tout seul, généralement, à mon établi. Depuis deux semaines, je me surprends à m’intéresser un peu plus aux autres. Je prends ma pause avec les deux ou trois gars les plus près de mon poste. Ça fait quelques fois que je me joins à leur conversation et j'y partage certains points de vue. Mais il suffit qu’un de mes camarades se retourne et semble surpris de mon intervention pour que je me sente mal à l’aise et en sueur. Je trouve ça trop dur. Un soir de la semaine dernière, je discutais avec mon épouse. Nous parlions des enfants et de plusieurs petites choses, lorsqu’on a abordé un sujet un peu plus intime. Je me suis alors livré beaucoup plus qu’avant et, au bout d’un moment, je me suis encore senti mal à l’aise. Lorsque je parle de moi, j’ai toujours l’impression d’être nu et vulnérable, ce qui provoque d’importants malaises. Ce qui m’inquiète le plus, c’est que je ne m’en aperçois qu’après."

Je lui réponds que tout ça est normal, que c’est le travail au chakra 5 qui lui permet tout naturellement de s’exprimer plus facilement. Je lui conseille de continuer à faire ses exercices tout en respectant son rythme. "Tu peux stopper et prendre du recul, lui dis-je, ça n’arrêtera pas le travail. Ça va juste l’étirer dans le temps et ça le rendra même un peu plus efficace. Je t’encourage à continuer ta pratique et à laisser les effets se manifester doucement."

Puis, mon bonhomme me quitte. Deux minutes avant le début de l’atelier, il entre et reprend la place qu’il occupait habituellement. Il poursuivit la série de cours jusqu'à la fin. Je crois que la conversation que nous avions eue l’avait rassuré, mais je n’en ai jamais reparlé avec lui.

Il se passa environ deux ans avant que je ne le revois. Je l'ai croisé par hasard dans un centre d’achats et je fus heureux de constater que le travail continuait son œuvre. Il avait l’air plus calme, le regard plus franc et une attitude plus ouverte. Il me confia que le contact avec les autres, surtout ses proches, s’était vraiment amélioré et il m’en remercia. Je vous avoue que c’est ça, mon vrai salaire !
Extrait de Gaétan Morin: "L'éveil des chakras".

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